Mon expérience turkmène
Pas très bonne… Je préfère le dire tout de suite.
Premièrement, il faut comprendre que pour voyager sans guide, le visa turkmène est un visa de transit de 5 jours. Il faut comprendre aussi que pour pouvoir profiter pleinement du visa iranien, j’ai choisi comme frontière d’entrée celle la plus près de l’Iran (voir tracé en rouge), c’est-à-dire à 500 km environ de la capitale Asgabat. Finalement, j’ai dû prolonger mon visa iranien et j’aurais très bien pu rentrer par la frontière la plus populaire (voir tracé en bleu). Ceci étant dit, j’ai 5 jours pour faire 500 km pour me rendre à la capitale puis faire 650 km et me rendre à la frontière ouzbèk (voir tracé en noir). Si jamais je ne réussis pas, je reçois une amende et on me déporte.
À l’ambassade, après 3 heures à fouiller mes affaires, le douanier me dit :
Suivez ces conseils : ne faites confiance à personne, ne laissez pas votre bicyclette sans surveillance, faites attention aux serpents ils sont venimeux et faites attention aux araignées elles sont venimeuses également.
Wow!! Il a l’air plaisant votre pays.
Je m’informe avec le douanier pour savoir où est la banque. Il me pointe dans une direction. Je regarde, mais je ne vois pas de guichet automatique. Alors, il pointe son collègue juste à côté de lui. Ahhhhhhh, c’est lui la banque??? Il me dit qu’il n’y a pas de guichet automatique avant la capitale. Il n’y a pas de bureau de change non plus. Et il n’y a pas d’autobus pour la capitale. Quoi d’autre? Ah oui, le pouce sera difficile parce que ce n’est pas dans leur mentalité. Je me retrouve donc avec 30$US, une boîte de dates, un sac de graine de tournesol et un pot de beurre de peanuts. Ça l’air que je vais commencer un régime… Je pars rapidement vers la première grosse ville : Gyzyletrek. Je trouve une banque avec 3 ATM dont 2 non fonctionnels et le 3e est attaqué par une 15aines de turkmènes qui me disent qu’il n’y a plus d’argent.
Je discute rapidement avec un monsieur en lui disant que je cherche un taxi pour Asgabat ou Serdar (mi-chemin). Il appel et un autre homme arrive avec un Toyota Prado. Je me doute que le prix ne sera pas dans mon budget. Juste pour rendre à Serdar, il me demande 50$US… Je n’ai même pas ce montant. Je quitte en vélo en me disant que je vais faire du pouce un peu plus loin à la sortie de la ville. Encore une fois, j’attire pleins de monde qui essayent de m’aider mais font juste nuire. Ce n’est pas facile faire du stop quand tu as les locaux qui parlent aux autos avant toi. La police arrive, je me dis qu’ils vont m’aider. Finalement ils sont pas mal plus intéressés à la validité de mon passeport et à savoir si j’ai pris des photos du Turkménistan. Il me demande si j’ai un problème. Je leur dis que je n’ai pas d’argent parce qu’il n’y a pas de guichet en fonction. Que j’ai à peine de l’eau et pas de nourriture. Ils quittent en me disant bonne chance.
Je réfléchis et je me dis que je peux me rendre à Serdar en 2 jours et que de là, il sera plus facile de faire du pouce puisque la route converge vers celle allant à Asgabat. Je remplis mes bouteilles d’eau à la mosquée et je recommence à pédaler jusqu’au coucher du soleil. Il fait chaud, très chaud. Le jour, au-dessus de 40. Je ne bouge pas et je sue. La crème solaire ne sert à rien puisque la sueur la fait sortir. La prochaine ville est à plus de 100 km… La route est très mauvaise et très poussiéreuse. J’installe ma tente sur le bord de la route. C’est un désert. Je ne mets pas mon double toit pour la pluie parce qu’il fait trop chaud sinon. De toute façon, il ne pleut pas dans ce désert de m**** me dis-je. BAM! Je me fais réveiller à 2h00 par des gouttes d’eau qui me tombe dans la face. Tu es sérieux Turkménistan? Tu veux vraiment que je t’haïsse?! Je sors mettre mon double toit et finirai la nuit à cuire dans ma tente. 5h00, je repars, je prévois me rendre au moins à Serdar, plus de 180 km. Le pneu arrière de mon vélo est dégonflé, est-ce une crevaison ou seulement un dégonflement? Pendant que j’essaye de le regonfler, un camion arrive. Je sors le pouce et…. Il m’embarque!!!! Il se dirige vers…. Serdar!!
En chemin, la route est vraiment mauvaise, je ne pense pas que j’aurais pu me rendre jusqu’à Serdar. 4-5 heures plus tard. On me débarque sur la route vers Asgabat. Je sors le pouce 5 minutesu. Un homme me prend. Durant le trajet, il me propose d’aller dormir chez lui. J’accepte volontiers puisque seulement les hôtels 5 étoiles acceptent les cartes de crédit apparemment… Finalement, Elman m’ait d’une grande aide. Il parle très peu anglais, mais nous utilisons Google translation. Il comprend que je dois trouver une façon d’avoir de l’argent, de réparer mon vélo et il fait tout pour m’aider.
Parlons d’Asgabat maintenant. C’est vraiment spécial. C’est extrêmement propre. Il y a des employés un peu partout qui nettoient les routes. Aucun morceau de peau n’est visible. Le soleil est vraiment puissant et il fait très chaud. Plus de 40 degrés et la semaine passée le thermomètre à grimpé à 55 degrés. Tous les bâtiments sont gigantesque et en marbre blanc. Certains quartiers sont découpés au couteau. Une centaine de maison immense sont complètement identiques. L’herbe de la même couleur et à la même hauteur pour toutes les maisons.

Il y a des fontaines et des monuments pour le président un peu partout. Parlant du président, il a changé la loi pour être président à vie. Il n’aime pas les couleurs foncées donc il a interdit l’achat de voiture de couleur foncée. Il a imposé un prix pour le permis de conduire 5 fois plus cher pour les femmes. Quand je demande si le président est bon, Elman me chuchote « Nooooooo, but shhhhhhhhhhhtttt, don’t talk about this ». Et on était chez lui… Internet n’est pas très populaire Pour y avoir accès, on s’est rendu dans un café internet et Elman a dû montrer son passeport. Ensuite, on s’identifie sur un site gouvernemental. Apparemment que tout ce qui est fait peut être surveillé par le gouvernement. Évidemment, Facebook et tout ce qui y ressemble sont bloqués.

Ceci étant dit, je paye la totale pour parcourir les 650 km restant pour quitter le pays. Les billets d’autobus doivent être achetés 5 jours d’avance et mon vélo monopolise un taxi au complet. J’aurais l’option de faire du pouce. Il me reste 36 heures pour sortir du pays, mais j’ai horreur de dépendre des autres. D’autant plus qu’il fait extrêmement chaud. Des fois, la simplicité n’a pas de prix.
En route, on passe à côté d’un muret de béton. Le chauffeur baisse le son de la musique puis remonte le son une fois le muret passé. Je me demande bien ce qu’on vient de passer. Je me dis que c’est peut être une des résidences du président ou quelque chose du genre. Jusqu’à tout récemment, il était interdit d’écouter de la musique forte dans les voitures. Je pose la question au chauffeur et regarde ma carte. Eh bien non, c’est un cimetière et il me dit que les morts dorment, qu’il ne veut pas les réveiller.
Des policiers sont présents à tous les 20 km environ pour des fouilles aléatoires des voitures. J’arrive finalement à Turkmenabat. Elman m’a dit qu’il avait un ami qui pouvait m’héberger. Le taxi me dépose chez cet ami et pendant que je remonte ma bicyclette, il change d’idée en disant que le gouvernement ne veut pas que les locaux hébergent les touristes. Bon…. Ça ne me dérange pas, mais s’il me l’avait dit plus tôt, j’aurais demandé au taxi de me déposer près de la frontière. Là il est trop tard, toutes mes affaires sont sorties. Une autre personne me dit qu’il peut m’y déposer. Oh ok, super. Puis il me regarde et dit « Money ». Ok non merci, je n’essaye même pas de négocier, je lui dis que je vais pédaler et que ce sera parfait comme ça.
En pédalant, je me dis que je ne peux pas quitter le pays sur cette note un peu amère. Je dois trouver une façon d’avoir une belle expérience. Puis, par hasard, des gens me font signe d’arrêter. Je discute un peu avec eux et le fils arrive et me parle dans un anglais correct. Il me dit qu’il veut pratiquer son anglais et me propose de rester pour la nuit. Évidemment, j’accepte. Je pourrai donc quitter le Turkménistan avec une expérience un peu plus agréable!
Prochaine destination : Ouzbékistan! Je m’attends à rencontrer beaucoup de russes. Je m’attends donc à ce que les gens soient pas très sympathiques et assez froid. Est-ce que j’ai raison? Vous le saurez dans le prochain article!
* Au moment où je suis passé au Turkménistan, mon appareil photo était brisé ce qui explique que j’ai seulement mis des photos trouvés sur internet.
Oh my god.. totally nuts !!!!!!!!!!! En depit de ton experience amere, j’ai encore envie d’y voyager, haha..
PS: J’ai decouvert une autre raison pour utiliser Google Translate.. pour que mon pere puisse lire ton blog super!! 😀
Turkménistan est dans ta liste??? C’est assez spécial comme pays, je ne peux pas dire que j’ai vraiment visité… 5 jours seulement. Cool pour ton père!!
OMG Alex tu es tellement brave et résilient et ouvert et débrouillard et avec des besoins simples ! Tu es né pour être un nomade globe-trotter je crois
À très bientôt pour plus de détails sur tes folles aventures !!
Hum, on en discutera en tête à tête…. Très bientôt peut-être!?
Que de pression et de mésaventures au Turkménistan, et quel régime ! Cependant, il me semble qu’Elman t’a bien aidé, et la dernière soirée a été agréable ; donc tout n’est pas négatif.
Je suis allée plusieurs fois en Russie, et j’ai trouvé les gens aimables dans l’ensemble ; quelque part près de la Place Rouge, ma copine oublie son portable et la serveuse sort en courant (laissant vide le magasin !) pour nous rattraper ! Ce n’est qu’un exemple, il y en aurait d’autres ! J’espère que tu tomberas bien.
Vraiment capoté ton expérience. Tu as encore brisé ton appareil photo?